Alors qu’une récession mondiale devient de plus en plus probable, nous nous penchons sur deux défis majeurs auxquels est confrontée la zone euro (ZE).
Tout d’abord, la sécurité énergétique est remise en question en raison de la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe, les flux de gaz ayant été considérablement réduits en raison de l’impact de la guerre russo-ukrainienne et des sanctions qui en découlent infligées à la Russie. Par conséquent, les gouvernements de la zone euro doivent faire face à la flambée des prix de l’énergie par des soutiens directs aux ménages vulnérables et aux industries défaillantes afin de les aider à passer l’hiver.
En second lieu, les niveaux d’endettement public étaient déjà élevés pour
un certain nombre de pays avant la guerre et après la pandémie, certains d’entre eux ne s’étant jamais remis de la crise et de la dette souveraine de la zone euro.
Cette semaine, nous analysons les implications pour certains pays de la zone euro en fonction de leur niveau de dette publique brute et de leur dépendance au gaz russe (voir graphique 1). Cela nous permet de séparer les pays en trois groupes, en fonction de leur vulnérabilité : élevée, modérée et faible. Les pays les plus vulnérables ont une forte dépendance au gaz russe ainsi qu’un ratio dette publique/PIB élevé.
Une grande vulnérabilité : La Grèce et l’Italie sont particulièrement vulnérables car elles sont très exposées à la crise énergétique et leurs gouvernements ne disposent que de faibles ressources pour financer des alternatives, soutenir les citoyens et renflouer les entreprises opérant sur les secteurs stratégiques.
Vulnérabilité modérée : L’Espagne et la France sont relativement à l’abri de la crise du gaz, mais leur niveau d’endettement élevé limite leur marge de manœuvre. À l’inverse, l’Autriche, l’Allemagne et la Finlande sont fortement exposées à la crise du gaz, mais disposent de plus de ressources pour en absorber les effets économiques négatifs.
Faible vulnérabilité : Les Pays-Bas sont le côté le plus sûr, avec une faible exposition à la crise énergétique et une marge de manœuvre budgétaire relativement élevée.
Ces indicateurs de marge de manœuvre budgétaire et de dépendance au gaz soulignent la vulnérabilité relative des différents pays de la ZE, mais représentent également des vents contraires pour la ZE dans son l’ensemble. En outre, cette divergence rendra difficile la coordination de la position politique entre les pays par les institutions de la ZE. Par conséquent, comme ces défis représentent des vents contraires, les perspectives économiques pour l’ensemble de la zone euro se sont détériorées.
Un troisième vent contraire vient du fait que la BCE est obligée de suivre la Fed et de relever les taux d’intérêt de manière agressive (graphique 2). Cela a un impact direct sur les pays de la zone euro en augmentant le coût et en réduisant en même temps la disponibilité du crédit. Mais cela se répercute également sur le reste de la zone euro, car les banques centrales indépendantes sont confrontées aux mêmes défis : contrôler l’inflation et empêcher une trop forte dépréciation/faiblesse de la monnaie.
Ces trois facteurs rendent de plus en plus probable l’entrée en récession d’une grande partie de l’Europe avant la fin de l’année, ou au début de 2023. Si l’on ajoute à cela des perspectives plus sombres pour l’activité économique en Chine et aux États-Unis, les perspectives de croissance mondiale s’en trouvent affaiblies.