Emploi, inflation, commerce détail… Les indicateurs économiques se suivent et se ressemblent: à chaque fois, ils déjouent les prévisions des conjoncturistes ! Pourquoi? L’explication tient en un mot: pandémie. On ne sort pas d’une telle crise comme si l’on redémarrait une voiture.
Un parfum d’été flotte sur notre quartier de Park Slope, à Brooklyn, avec un ciel tellement bleu qu’on a envie de le croquer. La veille, Joe Biden a annoncé l’excellente nouvelle: pour les vaccinés, plus besoin de porter le masque! Dans les rues, les habitants se pressent pour attraper le beau temps, faire leurs emplettes ou se retrouver enfin à une terrasse de café. A vue de nez, ils sont encore… plus des deux tiers à porter le masque.
Cette anecdote pour rappeler que sortir d’une pandémie n’est pas comme redémarrer une voiture avec un tour de clé. C’est une affaire complexe, ponctuée de peurs et d’espoirs, de surprises… et de migraines pour les conjoncturistes. On en a eu la preuve ces derniers jours aux Etats-Unis, avec la publication de résultats qui ont surpris tout le monde.
Le premier a fait l’effet d’une bombe: les chiffres de l’emploi pour avril, publiés le 7 mai, ont indiqué une création nette de 266.000 jobs, contre une prévision moyenne des économistes de 975.000. Et encore, « les pronostics que l’on se passait en chuchotant étaient encore plus élevés », confie un analyste. « Certains s’attendaient à un chiffre proche de 2 millions. »
Deuxième surprise cinq jours plus tard, mais en sens inverse, avec l’inflation: la hausse des prix à la consommation a été de 4,2% en rythme annuel en avril, alors que la moyenne des conjoncturistes prévoyait « seulement » 3,6%. Troisième « banane » pour nos experts, le surlendemain: les ventes du commerce de détail (restaurants, magasins, commerce en ligne) sont restées étales en avril, alors que l’on tablait sur une hausse de 0,8%.
Eternels « faux chômeurs »
En étant un peu méchant, on se dit que nos petits génies de la calculette auraient plus de chances d’être dans le vrai s’ils choisissaient leurs chiffres en lançant des fléchettes les yeux bandés! Mais il y a pire que les économistes, pour ce qui est du ridicule: les politiciens américains.
Source : Challenges