Renault a fait état mercredi d’une hausse de 9% de ses ventes mondiales en volume en 2023, renouant avec la croissance après quatre années de baisse consécutives, mais le constructeur automobile reste confronté à une concurrence accrue et une guerre tarifaire dans l’électrique.
L’annonce de ses ventes mondiales pour 2023 intervient alors même que Tesla a dévoilé des baisses de prix en Allemagne sur son modèle Y – la voiture électrique la plus vendue en 2023 en France, le marché national de Renault.
A la Bourse de Paris, l’action Renault reculait de 1,88% à 33,81 euros à 10h06, parmi les plus forts replis du CAC 40 (-1,25%). L’indice Stoxx du compartiment automobile abandonnait 1,65%.
Renault a commercialisé l’an dernier 2,23 millions de véhicules – voitures et fourgons – à travers le monde, après avoir souffert ces dernières années de son repositionnement stratégique, de sa sortie du marché russe et des pénuries de semi-conducteurs.
Les ventes de la marque Renault, qui représente plus de deux tiers des ventes du groupe, ont augmenté de 9,4% et celles de la marque « low cost » Dacia (un tiers des ventes totales) ont grimpé de 14,7%. La marque sportive haut de gamme du groupe, Alpine, a écoulé quant à elle 4.328 berlinettes (+22,1%).
Le constructeur automobile français avait encore accusé en 2022 un recul de 5,9% de ses volumes alors qu’il avait établi un record de ventes à 3,88 millions de véhicules en 2018
Ebranlé financièrement à l’époque par le retournement de plusieurs de ses marchés, Renault avait alors tourné le dos à ses ambitions mondiales de ventes en réduisant sa gamme et en se recentrant, sous la houlette de Luca de Meo, sur ses géographies et ses modèles les plus rémunérateurs.
« (Notre) politique commerciale reste axée sur la valeur, ce qui n’est pas contradictoire avec le gain de part de marché« , a déclaré Fabrice Cambolive, directeur général de la marque éponyme, au cours d’une téléconférence de presse.
« On regagne en terme d’attractivité (…) notre design s’améliore, nos mix versions sont toujours très élevés (…) et on le voit aussi avec les taux de conquête« , a-t-il ajouté. « L’idée est de continuer sur ce même niveau de performance » en 2024.
Le groupe, qui publiera ses résultats financiers annuels le 15 février prochain, vise une marge opérationnelle comprise entre 7% et 8%, contre moins de 6% en 2022.
DIX NOUVEAUX LANCEMENTS EN 2024
Si l’Europe a été au coeur des premières années de son plan stratégique de redressement – le continent a encore pesé pour 63% des ventes de la marque en 2023 – Renault compte se développer à nouveau hors d’Europe avec 8 nouveaux lancements à l’international pour la marque au losange d’ici 2027.
« Le marché automobile européen est attendu stable cette année (comme l’Amérique latine), ce qui devrait accroître la pression concurrentielle, mais Renault devrait être capable de surperformer grâce aux nombreux lancements prévus cette année« , commente dans une note Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF.
Les modèles électrifiés de Renault ont représenté 40% de ses ventes en 2023, contre 38% en 2022, et les modèles purement électriques – au coeur du projet Ampère, dont l’introduction en Bourse est prévue d’ici l’été – 11% des ventes.
» En 2024 on va pouvoir compléter notre offre EV « avec le Scenic et la R5, a poursuivi Fabrice Cambolive. « Donc on devrait améliorer ce pourcentage sur les mois à venir avec l’arrivée de ces nouveaux lancements« .
Toutes motorisations confondues, le constructeur va lancer en tout pas moins de dix nouveaux modèles cette année – sept Renault, deux Dacia et sa première Alpine électrique, la petite A290.
Sur les perturbations d’approvisionnements provoquées par les changements d’itinéraire du transport maritime à cause d’attaques en mer Rouge en marge de la guerre à Gaza, Renault dit disposer à ce stade d’une visibilité suffisante.
« On a une visibilité sur les huit prochaines semaines, après on ne sait pas ce qui peut se passer« , a répondu Fabrice Cambolive. « A priori nous ne serons pas impactés dans les prochaines semaines par cette crise supply« .
Le portefeuille de commandes du groupe en Europe représentait 2,5 mois de ventes prévisionnelles à fin décembre, a ajouté Renault dans son communiqué. Il s’attend en 2024 à une stabilité du marché automobile en Europe et en Amérique latine et à une baisse de 11% en Eurasie.
Source : Reuters