Le Fonds monétaire international (FMI) a revu mardi à la hausse sa prévision pour la croissance mondiale, relevant les perspectives des États-Unis et de la Chine tout en faisant état d’une baisse de l’inflation plus rapide que prévu.
L’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, a déclaré que les perspectives économiques de janvier montraient qu’un « atterrissage en douceur » était en vue, mais que la croissance mondiale resterait inférieure à sa moyenne historique.
« Nous constatons que l’économie mondiale continue à faire preuve d’une résistance remarquable et que nous sommes maintenant dans la phase finale avant un ‘atterrissage en douceur’, avec une inflation en baisse constante et une croissance qui se maintient« , a déclaré Pierre-Olivier Gourinchas. « Mais des turbulences ne sont pas exclues à l’avenir« .
Le FMI a déclaré que des dépenses privées et publiques plus importantes malgré des conditions monétaires strictes, une hausse de la population active, la fin des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et des prix des matières premières plus faibles avaient contribué à cette bonne performance.
Le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,1% en 2024, une hausse de 0,2 point de pourcentage par rapport à sa prévision d’octobre, et s’attend à une croissance inchangée de 3,2% pour 2025. La croissance moyenne pour la période 2000-2019 est de 3,8%.
Le FMI prévoit une croissance du commerce mondial de 3,3% en 2024 et de 3,6% en 2025, en deçà de la moyenne historique de 4,9%.
Le FMI a maintenu sa prévision d’octobre pour une inflation mondiale à 5,8% en 2024, mais a abaissé celle pour 2025 à 4,4%, contre 4,6% auparavant. L’inflation mondiale serait plus faible sans l’Argentine, qui a connu un pic de hausse des prix, a déclaré Pierre-Olivier Gourinchas.
Les économies avancées devraient connaître une inflation moyenne de 2,6%, en baisse de 0,4 point de pourcentage par rapport aux prévisions d’octobre, l’inflation devant atteindre 2% en 2025. En revanche, l’inflation s’établirait en moyenne à 8,1% dans les marchés émergents et les économies en développement en 2024, avant de retomber à 6% en 2025.
RISQUES EQUILIBRES
Le resserrement des conditions monétaires pourrait se poursuivre, a toutefois prévenu l’institution, en particulier si les tensions géopolitiques font repartir à la hausse les prix des matières premières. Pierre-Olivier Gourinchas a déclaré que le FMI suivait de près l’évolution de la situation au Moyen-Orient, mais que l’impact économique mondial restait « relativement limité ».
Les États-Unis ont bénéficié de l’une des plus importantes révisions à la hausse de leurs perspectives économiques en janvier, l’économie étant attendue en croissance de 2,1% en 2024 contre 1,5% en octobre. La croissance devrait se tasser à 1,7% en 2025.
Pierre-Olivier Gourinchas attribue cette amélioration au soutien budgétaire américain et à la vigueur des dépenses de consommation, mais a indiqué que le FMI avait fait part à Washington de ses préoccupations quant au fait que certaines de ses politiques industrielles pourraient enfreindre les règles du commerce mondial.
Les perspectives en zone euro ont été revues en baisse, le bloc ne devant plus enregistrer qu’une croissance de 0,9% en 2024 et de 1,7% en 2025. L’Allemagne devrait afficher une croissance de 0,5% en 2024, contre 0,9% attendu en octobre.
Le PIB de la Chine devrait croître de 4,6% en 2024, une révision en hausse de 0,4 point de pourcentage par rapport à octobre, et progresser de 4,1% en 2025. Pierre-Olivier Gourinchas a déclaré que cette révision à la hausse reflétait l’important soutien budgétaire des autorités et un ralentissement moins important que prévu dans le secteur immobilier.
La Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre devraient maintenir les taux d’intérêt à leurs niveaux actuels jusqu’au second semestre 2024, selon le FMI qui attend ensuite un assouplissement progressif.
Pierre-Olivier Gourinchas a ajouté que les marchés avaient été « excessivement optimistes » quant aux perspectives d’assouplissement monétaire, et qu’une réévaluation de ces perspectives pourrait faire augmenter les taux longs et peser sur les perspectives de croissance.
La croissance des marchés émergents et frontières devrait s’établir à 4,1% en 2024.
Pierre-Olivier Gourinchas a déclaré que les perspectives mondiales intégraient un meilleur équilibre des risques, le risque d’un conflit plus large au Moyen-Orient étant compensé par la perspective que la baisse des prix des carburants pourrait aider à réduire l’inflation plus rapidement que prévu.
« Nous considérons les risques comme globalement équilibrés à ce stade« , a-t-il déclaré, relevant que les risques évoqués l’année dernière ne s’étaient pas concrétisés.
Source : Reuters