L’Union européenne (UE) se prépare à imposer des droits de douane sur les importations de céréales en provenance de Russie et de Biélorussie afin d’apaiser les agriculteurs et certains Etats membres, ont déclaré mardi des responsables européens au fait du dossier.
Les négociants jugent cependant que les expéditions russes et biélorusses vers l’Union européenne sont faibles, notamment par rapport à celles en provenance d’Ukraine, et que l’imposition de droits de douane serait largement symbolique.
Selon la société de recherche russe SovEcon, cette décision aurait donc peu d’impact sur le commerce et les prix des céréales, car seuls 2% des expéditions russes sont destinées à l’Europe, à l’exception de la farine de tournesol, dont l’Union européenne a absorbé un tiers.
Le Financial Times a rapporté que la Commission européenne devrait imposer dans les prochains jours un droit de 95 euros par tonne sur les céréales en provenance de Russie et de Biélorussie. Des droits de 50% seraient également imposés sur les graines oléagineuses et les produits dérivés.
Selon un représentant de l’UE, ces chiffres seraient « à peu près corrects », bien que non définitifs. Un autre responsable a déclaré que cette mesure prendrait probablement la forme d’un tarif douanier, les règles commerciales n’exigeant qu’un soutien majoritaire de la part des États membres, à la différence des sanctions qui requièrent l’unanimité.
Les droits de douane s’appliqueraient aux céréales destinées à être utilisées dans l’Union européenne à 27 membres et ne concerneraient pas le transit des céréales à travers le bloc vers d’autres pays, ont indiqué les sources.
Cette décision intervient alors que les agriculteurs de l’UE appellent à des modifications des restrictions qui leur sont imposées par le Pacte vert européen pour lutter contre le changement climatique, et à la réimposition des droits de douane sur les importations de produits agricoles en provenance d’Ukraine, ne faisant pas partie de l’UE, qui avaient été supprimés après le début de l’invasion russe en 2022.
Les agriculteurs des pays voisins, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, tous membres de l’UE, affirment que cette mesure a fait baisser leurs prix.
Comme une grande partie de l’Europe, la Pologne a également connu des manifestations ces dernières semaines, alors que les agriculteurs protestaient contre les réglementations de l’UE en matière d’environnement.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a également appelé à une interdiction européenne des importations de produits agricoles russes et biélorusses.
L’ensemble des importations de céréales et d’oléagineux de l’UE en provenance de Russie pour la période 2023-2024 s’élevait à 1,8 million de tonnes métriques à la fin du mois de février, selon les données de la Commission européenne. Les importations en provenance d’Ukraine représentent quant à elles 19,1 millions de tonnes.
Kyiv a appelé l’UE à interdire entièrement les importations de produits alimentaires russes. Une source ukrainienne a toutefois déclaré que le volume des céréales importées de Russie ne permettait pas d’influer sur les prix européens.
Source : Reuters