De neuf milliards d’euros, il s’agit du « solde mensuel le plus bas jamais atteint« , indiquaient ce vendredi 7 janvier les Douanes dans leur rapport mensuel.
Maillon faible de l’économie française depuis des années, le déficit commercial s’est creusé comme jamais en novembre, plombé par le coût élevé des importations de matières premières et de l’énergie.
Neuf milliards d’euros, c’est « le solde mensuel le plus bas jamais atteint », indiquaient ce vendredi 7 janvier les Douanes dans leur rapport mensuel.
S’affichant à 4,5 milliards d’euros en janvier 2021, le déficit commercial s’est creusé au fil de l’année. Les chiffres pour l’ensemble de 2021 sont attendus début février.
D’ores et déjà, le déficit cumulé en novembre sur 12 mois s’élève à 77,6 milliards d’euros, « soit 2,6 milliards de plus que le déficit annuel record de 2011 », notent les Douanes.
« En 2000, la France était devant l’Allemagne. Aujourd’hui, en tendance moyenne, la France est entre 75 et 90 milliards de déficit du commerce extérieur et l’Allemagne entre 200 et 250 milliards d’excédent », rappelait encore le haut-commissaire au plan François Bayrou jeudi devant une commission du Sénat. « Cet intervalle, qui est une défaite, ne se réduit pas« , déplorait-il.
Pic inhabituel des exportations d’électricité
Une part de la dégradation du déficit en 2021 s’explique par des facteurs conjoncturels. La fin d’année a connu un « pic inhabituel des importations d’électricité » sur fond d’envolée des prix, ainsi qu’une « croissance dynamique des approvisionnements en gaz et pétrole« , rapportent les Douanes.
A cela s’ajoute la hausse des prix d’autres matières premières et des produits industriels. Le montant des importations a ainsi atteint « la somme historique » de 52,5 milliards d’euros en novembre, avec un bond de 20,1% en valeur.
En parallèle, les exportations progressent aussi, mais à un rythme moins élevé de 400 millions d’euros en moyenne par mois depuis le début de l’année, pour s’établir en novembre à 43,5 milliards d’euros, quasi au niveau du pic d’avril 2019.
Les problèmes d’approvisionnement dans les secteurs de la production automobile et des matériels de transports, traditionnellement plus prompts à générer « un peu d’excédent commercial », pèsent sur l’export, souligne Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode.
« La crise du Covid a affecté deux maillons forts du commerce extérieur français, l’aéronautique pour les biens et les voyages pour les services », relève de son côté Thomas Grjebine, du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).
« Désertion industrielle »
Mais au-delà de ces éléments qui amplifient le mouvement, le déficit commercial de la France se creuse depuis le début des années 2000.
« Cet effet catalyseur dit bien que le chaînon manquant de l’activité en France reste quand même notre faiblesse à l’international« , souligne Denis Ferrand. Alors que les importations progressent « de manière très tendancielle, il y a un recul relatif des exportations françaises, par rapport à ce que l’on observe dans l’ensemble de la zone euro« .
« Le plus inquiétant, c’est qu’on n’arrive pas à retourner cette tendance d’une dégradation lente mais quasi continue de la balance des biens manufacturiers, et ça c’est lié à notre désindustrialisation« , abonde Thomas Grjebine.
Début décembre, le haut-commissariat au Plan avait plaidé pour le retour en France de la production de certains biens désormais importés afin de réduire le déficit commercial. Le HCP a ainsi dressé une liste de 50 produits pour lesquels il veut engager une réflexion avec les filières concernées.
Vendredi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a indiqué vouloir lors du prochain quinquennat continuer à baisser les impôts de production ainsi que les charges sur les salaires supérieurs à 2,5 Smic afin de réindustraliser la France.
Il a fustigé une « désertion industrielle depuis 30 ans » de laquelle il rend responsable les gouvernements successifs, mais aussi les capitaines d’industrie français qui ont massivement délocalisé à l’étranger.
« La faiblesse de notre commerce extérieur est le reflet de la faiblesse de notre économie intérieure », a-t-il estimé.
Source : Challenges