Les prix du blé ont continué leur flambée pour dépasser le seuil des 11 dollars le boisseau, le niveau le plus élevé depuis 14 ans. A cause du quasi-arrêt des expéditions des deux plus grands producteurs de blé au monde, la Russie et l’Ukraine, en guerre depuis le 24 février.
Le conflit russo-ukrainien ainsi que les sanctions américaines et européennes de grande envergure contre la Russie ont entravé les approvisionnements en provenance de la mer Noire, à un moment où les stocks mondiaux sont déjà serrés, indique Bloomberg.com.
L’Ukraine et la Russie assurent ensemble plus d’un quart des exportations mondiales de blé. Le conflit entre les deux pays voisins a entraîné la fermeture des ports, la suspension des opérations de transport et l’interruption des logistiques. Il menace également la culture du blé en Ukraine, cette année. Car les agriculteurs pourraient être impliqués dans les combats et le pays devra faire face à des pénuries de semences et d’engrais.
Risque d’un effet « domino » sur la Tunisie
Le conflit russo-ukrainien pourrait entraîner une pénurie des produits de première nécessité, notamment les céréales, avait précédemment déclaré l’économiste tunisien Ezzeddine Saidane.
« Oui, c’est possible mais cela ne concerne pas uniquement la Tunisie. En effet, si les exportations russes et ukrainiennes sont bloquées ou baissent sensiblement, le monde entier va en ressentir l’impact. Cette situation risque de pousser les prix à un niveau très élevé qui pourrait empêcher la Tunisie de s’approvisionner en quantités nécessaires. Le pays importe plus de 50% de ses besoins en blé, dont la plus grande partie provient d’Ukraine », avait-il précisé.
En effet, l’ajustement de l’offre et la demande des produits issus de la filière nécessitent l’importation de plus de 80% des besoins en blé tendre, soit 4 baguettes sur 5 sont importées. Les importations de blé représentent à elles seules plus de 51% des importations alimentaires du pays, selon une analyse de la filière céréalière en Tunisie, effectuée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Bien que la Tunisie soit un producteur de céréales, sa production demeure fluctuante et souffre d’un déficit chronique de l’ordre de 50% en moyenne par rapport aux besoins d’une population en croissance continue.
De ce fait, selon cette analyse, la majorité des besoins annuels sont assurés par les importations, ce qui a conféré à la Tunisie un taux de dépendance vis-à-vis des céréales importées de 33% pour le blé dur, de plus de 85,3% pour le blé tendre et de 71,3% pour l’orge. Soit un taux moyen de 63,33% pour le total des céréales.
Une pénurie des approvisionnements !
Une pénurie des approvisionnements est attendue et devrait se poursuivre au cours du prochain trimestre, selon Bloomberg.com, voire plus longtemps. Seule une récolte exceptionnelle en Amérique du Nord et ailleurs en Europe pourrait endiguer de nouvelles hausses de prix.
Il est à noter que les prix du blé, hier, ont de nouveau augmenté pour bondir de 7,1 % et atteindre 11,34 $ le boisseau. Les prix ont augmenté de 50% le mois dernier.
Cette nouvelle donne va entraîner une hausse de l’indice agricole « Bloomberg » à un taux record, et contribuer également à l’inflation mondiale des prix alimentaires. Et cela s’accompagnera de la hausse des prix du pétrole et d’autres matières premières. Tout en obligeant les banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires après des années de taux d’intérêt très bas.
Les acheteurs de blé, y compris la Tunisie, vont devoir rechercher des alternatives en raison des répercussions de la guerre sur cette zone considérée comme étant « le grenier mondial ».