TotalEnergies étudie la possibilité d’investir dans de nouveaux projet gaziers pour s’adapter à la perte de production en provenance de Russie consécutive à la guerre en Ukraine, a déclaré jeudi son PDG, Patrick Pouyanné.
Le groupe pétrolier, qui se développe à un rythme soutenu dans les énergies renouvelables et l’électricité, a annoncé mardi qu’il mettrait fin à ses achats de pétrole et produits pétroliers en provenance de Russie d’ici à la fin de l’année, après avoir décidé de ne plus y investir dans de nouveaux projets, tout en continuant d’approvisionner l’Europe en gaz russe.
TotalEnergies continue en outre d’exclure à ce stade de se retirer intégralement du pays, où il est particulièrement présent dans les actifs ou projets de gaz naturel liquéfié (GNL) Yamal LNG et Arctic LNG 2, à travers notamment une participation de 19,4% au capital de Novatek.
La Russie représente 10% de ses capitaux employés à fin 2021, soit 13,7 milliards de dollars, ainsi que 5% de ses cash-flows, 17% de sa production pétrolière et gazière et 21% de ses réserves (hors Arctic LNG 2).
« Le principal impact pour TotalEnergies, c’est que nous arrêtons toute croissance future dans le GNL en Russie. Mais nous avons un important portefeuille de projets et nous redéploierons notre capital vers d’autres opportunités« , a dit Patrick Pouyanné lors d’une présentation aux analystes de la stratégie du groupe en matière de lutte contre le changement climatique.
Outre des projets de GNL existants aux Etats-Unis (Cameron), au Mexique, au Nigeria, au Mozambique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou au Yémen, le PDG a notamment évoqué la possibilité que TotalEnergies investisse dans de nouvelles opportunités outre-Atlantique et a indiqué que son groupe était en train de « revisiter » des projets en Mer du Nord en raison des prix du gaz élevés en Europe.
NOUVEAUX OBJECTIFS DE BAISSE DES ÉMISSIONS
TotalEnergies a également annoncé jeudi de nouveaux objectifs de baisse des émissions des produits pétroliers vendus à ses clients à horizon 2030, dans le cadre d’une stratégie actualisée que le groupe soumettra à un vote consultatif de ses actionnaires lors de sa prochaine assemblée générale.
Le groupe vise une réduction de plus de 30%, entre 2015 et 2030, des émissions des produits pétroliers vendus (« Scope 3 pétrole »). Il s’est aussi fixé de nouveaux objectifs de baisse de ses émissions de méthane à l’horizon 2025 (-50% par rapport à 2020) et 2030 (-80%) pour « tendre vers le zéro méthane« , ainsi qu’en matière de brûlage de routine du gaz pour ses actifs opérés à l’horizon 2025, « avant d’y mettre fin en 2030« .
TotalEnergies a en outre décrit pour la première fois dans son rapport ce que seraient ses activités en 2050 pour lui permettre d’atteindre la neutralité carbone, « ensemble avec la société ».
A cette date, le groupe produirait environ 50% d’énergie sous forme d’électricité renouvelable avec les capacités de stockage correspondantes, soit environ 500 térawatts-heure (TWh) par an, ce qui suppose de développer environ 400 gigawatts (GW) de capacités renouvelables.
Toujours en 2050, TotalEnergies ne produirait plus qu’environ 1 million de baril par jour (b/j) d’hydrocarbures – soit près de 4 fois moins qu’en 2030 -, essentiellement du gaz naturel liquéfié (GNL), à hauteur d’environ 700.000 b/j, et du pétrole à très faible coût pour le reste.
Le groupe a répété qu’il visait un pic de production de pétrole au cours de la décennie pour atteindre de l’ordre de 1,4 mb/j en 2030. Pour le gaz, la croissance visée entre 2015 et 2030 est de l’ordre de 50% tandis que, pour l’électricité, l’objectif est de 120 TWh en 2030.
Comme ses concurrents, TotalEnergies est soumis à une pression croissante de la part de certains investisseurs, qui lui demandent de prendre des engagements plus précis et contraignants en matière de lutte contre le changement climatique.
L’an dernier, l’assemblée générale de TotalEnergies a néanmoins validé à près de 92% la stratégie de transition du groupe vers la neutralité carbone.
En matière d’émissions de ses installations pétrolières et gazières (Scope 1 et 2), le groupe a confirmé jeudi viser au niveau mondial une baisse de 46 millions de tonnes de CO2 (Mt CO2e) en 2015 à moins de 40 Mt d’ici 2025 (15% de réduction), l’objectif restant également fixé à au moins 40% de réduction des émissions nettes à horizon 2030 par rapport à 2015.
Concernant l’ensemble des produits utilisés par ses clients, le groupe a également réitéré son objectif d’atteindre en 2030 un niveau mondial d’émissions (Scope 3) inférieur en valeur absolue à celui de 2015, malgré une hausse de ses ventes d’énergie.
Source : Reuters