L’inflation des prix alimentaires a atteint 80 % le mois dernier au Sri Lanka, où plus de cinq millions de personnes sont contraintes de sauter un repas, a indiqué ce mercredi le Programme alimentaire mondiale (PAM).
Pour ce pays d’Asie du Sud miné par la pire crise économique depuis son indépendance en 1948, c’est la première fois que cette hausse de l’indice des prix à la consommation dépasse la barre symbolique des 50%.
« La population continue de ressentir les effets de la crise économique et alimentaire, alors que l’inflation des prix des denrées alimentaires a atteint le chiffre vertigineux de 80 % en juin 2022 », a souligné le PAM dans son dernier rapport humanitaire.
3 ménages sur 10 en situation d’insécurité alimentaire
Selon les résultats préliminaires de la mission d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire menée conjointement par le PAM et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 6 millions de personnes (environ 3 ménages sur 10) sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire. Sur ce nombre, 66.000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire grave.
Selon l’agence onusienne basée à Rome, la majorité des ménages (60 %) ont régulièrement recours à des stratégies d’adaptation. Ceci les pousse à la consommation d’aliments moins préférés, moins nutritifs, mais aussi à la réduction des portions alimentaires.
Dans ces conditions, près de 7 millions de personnes ne consomment pas une alimentation adéquate et plus de 5 millions de personnes réduisent le nombre de repas pris. « Alors que les ménages urbains épuisent leurs économies pour faire face à la situation, les habitants des zones rurales ont déjà recours au crédit pour acheter de la nourriture et d’autres produits essentiels », a détaillé le PAM.
L’aide alimentaire du PAM cible près de 3,5 millions de personnes
Ce pays de 22 millions d’habitants est ravagé par une crise économique qui provoque des pénuries d’aliments, de médicaments et de carburants. C’est dans ce contexte que le président Gotabaya Rajapaksa a été déchu mi-juillet après avoir fui le pays.
Selon l’ONU, cette crise socio-économique a été exacerbée par les difficultés causées par la pandémie de Covid-19 au cours des deux dernières années. Colombo a été également confronté à une menace importante liée aux risques climatiques.
« La hausse des températures et les chaleurs extrêmes présentent des risques pour la santé humaine ainsi que pour le niveau de vie et pourraient potentiellement exercer une pression à la baisse sur les rendements agricoles », a mis en garde le PAM, rappelant que le rapport complet de la mission d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire menée par l’ONU devrait être publié en août.
En réponse aux crises économique et alimentaire, le PAM a commencé à mettre en œuvre une aide alimentaire par le biais de bons de valeur destinés aux femmes enceintes à risque. A Colombo, l’agence onusienne a atteint 2.100 bénéficiaires (88 %) sur les 2.375 femmes enceintes ciblées.
Plus largement, le PAM intensifie d’urgence ses opérations pour atteindre 3,4 millions de bénéficiaires (en plus des 430.000 bénéficiaires initialement identifiés plus tôt cette année). Il s’agit d’une aide alimentaire inconditionnelle (en nature, transferts en espèces et bons d’achat), de repas scolaires et d’un soutien nutritionnel.