Plus de cinq ans de sensibilisation, de mobilisation et de mise en œuvre participative pour une gestion durable de nos terres agricoles
Une cérémonie de clôture du projet « Protection et réhabilitation des sols dégradés en Tunisie » (ProSol) vient d’avoir lieu, mardi 08 avril 2025 à Tunis, sous la présidence de M. Haikel Hechlef, chef du Cabinet du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche (MARHP) et de S.E. Mme Elisabeth Wolbers, ambassadrice de la République Fédérale d’Allemagne en Tunisie, en présence de Mme Ariane Borgsted, Directrice Régionale de la GIZ et de plusieurs responsables, partenaires, experts et acteurs du secteur agricole.
Cette mobilisation multi-acteurs, nationaux et régionaux, a été significative pour célébrer les succès de ce projet, valoriser ses impacts, partager ses bonnes pratiques, capitaliser ses expériences et promouvoir la pérennisation de ses actions. L’appropriation publique des approches et des résultats a été à l’ordre du jour alors qu’on annonce déjà le lancement d’un nouveau projet « Soil Matters » dans le cadre de la coopération tuniso-allemande.
Les sols dégradés sont une menace à la productivité agricole et à la sécurité alimentaire
La Tunisie fait face, depuis des années, à une dégradation croissante des terres agricoles et à un risque élevé d’érosion, de déboisement, d’incendies, de pratiques inadéquates ou de pénurie d’eau, ce qui affecte non seulement la production alimentaire mais aussi la résilience des écosystèmes face aux impacts des changements climatiques. Cette dégradation avancée est due principalement à l’insuffisance de la matière organique dans le sol qui déstabilise sa structure et réduit sa fertilité. La nouvelle situation pourrait entraîner une baisse de la productivité des sols et des rendements agricoles, menaçant ainsi l’autosuffisance alimentaire et le développement économique et social du pays.
Vu l’importance du secteur agricole en général et sa contribution considérable au PIB (10%), et afin de contrer les menaces de la sécheresse et de la dégradation du sol, il serait urgent d’adopter les bonnes pratiques et de renforcer la résilience des écosystèmes naturels, agricoles et économiques. Le sol est une ressource finie et limitée, tout comme l’eau, et doit être ainsi conservé pour une utilisation présente et future.
Au niveau des fermes agricoles, les petits exploitants peinent à accéder au savoir-faire, aux compétences techniques et aux ressources financières, en vue d’appliquer les bonnes pratiques de la gestion durable des sols. C’est ainsi que ces thématiques de conservation, de protection et d’adaptation aux changements climatiques constituent des priorités clés dans les stratégies nationales.
ProSol : une approche dynamique et innovante dans sept gouvernorats
Mis en œuvre depuis 2019 par la GIZ Tunisie en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche (MARHP), représenté notamment par la Direction générale de l’aménagement et de la conservation des terres agricoles (DG-ACTA) et les structures régionales, le projet ProSol a été implanté, sur cinq ans et demi, dans 7 gouvernorats du nord-ouest et du centre-ouest du pays, à savoir: Béja, Jendouba, Siliana, Kef, Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine. Son objectif principal consiste à aider les petits agriculteurs à mettre en œuvre les meilleures pratiques de protection des sols et de réhabilitation des terres dégradées outre l’introduction d’instruments financiers appropriés et l’amélioration du cadre réglementaire. Il repose principalement sur une approche dynamique qui implique tous les acteurs clés, sur le double plan national et régional, chacun avec son rôle, ses connaissances, ses motivations et ses capacités. Plusieurs conventions de partenariat ont été signées dans ce cadre.
Un appui à la stratégie ACTA 2050
Chamseddine Harrabi, chargé de la Direction Générale de l’aménagement et de la conservation des terres agricoles (DG-ACTA ; MARHP) a signalé, lors de la cérémonie de clôture du projet ProSol, que « la protection et la gestion adéquate des sols restent prioritaires dans les divers plans de développement agricole. La stratégie d’aménagement et de conservation des terres agricoles (ACTA) lancée en 2017 envisage, à l’horizon 2050, de développer des territoires ruraux prospères qui gèrent de manière durable les ressources naturelles ». Il a ajouté que « la mise en œuvre efficace de cette stratégie nécessite des approches innovantes, un savoir-faire technique, une amélioration des connaissances et des services de conseils multidisciplinaires axés sur les besoins, outre une gouvernance participative qui implique tous les acteurs concernés et les groupes cibles. Dans ce sens, le projet ProSol a été d’un grand appui aux efforts de l’Etat tunisien ».
Une initiative globale de la coopération allemande
Mme. Ariane Borgsted, Directrice Régionale de la GIZ, a pour sa part déclarée « Nous sommes très fiers des résultats annoncés par le projet ProSol, qui témoignent de la bonne mobilisation des différents acteurs et l’implication parfaite des populations cibles et ce grâce à la coordination réussie avec les pouvoirs publics nationaux et régionaux. Nous félicitons tous nos partenaires et bénéficiaires, de ces acquis, tout en espérant poursuivre notre engagement et appui au développement du secteur agricole en Tunisie ».
Il est à rappeler que le projet ProSol est mis en place dans le cadre de l’initiative « ONE WORLD, NO HUNGER » (Un seul monde, sans faim) (SEWOH) du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ). Ce programme mondial a été implanté dans sept pays partenaires de l’Allemagne, qui sont : la Tunisie, Kenya, Bénin, Ethiopie, Inde, Burkina Faso et Madagascar. Le but est de concrétiser des approches durables pour la protection des sols et la réhabilitation des terres dégradées, comme composantes essentielles de la politique de renforcement de la sécurité alimentaire.
Indicateurs atteints et résultats remarquables
D’après Tom Eickhof, chef du projet ProSol, auprès de la GIZ Tunisie : « Durant plus de cinq ans, nous avons établi des approches participatives et innovantes de mise en œuvre, basées sur des tendances agro-écologiques et climato-intelligentes. Et c’est grâce aux différentes études prospectives et analytiques, aux mesures incitatives, à l’ancrage politique et institutionnel, à la gestion des connaissances et au renforcement des capacités, que les résultats du projet sont aujourd’hui visibles à tous les niveaux. Nos efforts communs doivent continuer sur cette base en impliquant davantage les agriculteurs mais aussi le secteur privé et les institutions financières en vue d’un soutien aux projets établis et la généralisation des bonnes pratiques de conservation de l’eau et du sol (CES) ».
Prenant fin en avril 2025, le projet ProSol a atteint des résultats remarquables contribuant ainsi de manière significative à la gestion durable des terres agricoles et à la résilience des écosystèmes dans les zones d’intervention au nord-ouest et au centre-ouest du pays.
Voici les indicateurs clefs obtenus et recensés jusqu’au début 2025 :
- 018 ha de terres agricoles ont été réhabilitées ou protégées, améliorant ainsi leur fertilité et leur capacité de rétention d’eau.
- Augmentation de 36% en moyenne des rendements des sols réhabilités par rapport aux terres non traitées.
- 12% des femmes parmi les 073 ménages participants ont constaté une amélioration de leur situation socio-économique grâce aux pratiques agro-écologiques.
- 7 mécanismes d’incitation ont été intégrés dans les stratégies publiques et plans d’action pour pérenniser les actions de protection des sols.
- Une étude de cas a démontré l’efficacité des approches agro-écologiques dans l’adaptation aux changements climatiques.
- Nombre des localités touchées par ProSol : 7 Gouvernorats / 75 délégations.
- Nombre de plants fruitiers distribués entre amandiers, oliviers et cerisiers :
110 000 pour 1065 agriculteurs bénéficiaires.
- Nombre de partenaires de mise en œuvre :
- Nombre de partenaires d’ancrage :
- Nombres de micro-projets soutenus :
- Plus de 50 produits de communication technique et de vulgarisation sont élaborés et mis à disposition du grand public, sur le portail web de l’ONAGRI, dont 6 fiches de capitalisation et plus de 30 émissions radios sur la protection des sols.
Le projet ProSol a collaboré étroitement avec les agriculteurs, les coopératives, les associations, les petites et moyennes entreprises et les communes locales pour une gestion collaborative et inclusive des sols. Il a ainsi contribué à renforcer la gouvernance locale, en associant les populations rurales et en soutenant la création d’alliances stratégiques pour la durabilité des résultats obtenus. En collaboration avec dix-sept partenaires d’exécution et d’ancrage, étatiques, privés et associatifs, ProSol a introduit des pratiques agro-écologiques durables, telles que l’utilisation des petites machines, l’introduction de légumineuses, la rotation des cultures, le compostage, le semis direct et l’agroforesterie pour améliorer la fertilité des sols et leur résilience face aux changements climatiques. Il a également renforcé les compétences techniques des agriculteurs et favorisé l’innovation dans la gestion des sols.
Les acquis du projet ProSol serviront de base solide pour la mise en œuvre d’un nouveau projet intitulé « Soil Matters » (importance du sol) de la coopération allemande. Ce dernier, tout en s’appuyant sur l’héritage des expériences du projet précédent, mettra l’accent sur le rôle crucial du secteur privé dans la promotion des pratiques agro-écologiques.