La plupart des États souverains de la région MENA sont des importateurs nets d’hydrocarbures. Nous supposons que les prix du pétrole se modéreront à 70 USD en moyenne le baril en 2022 (comme en 2021) et chuteront davantage en 2023-2024. Cependant, les risques de prix sont à la hausse, a indiqué Fitch Ratings, dans une note publiée récemment.
Dans tous les importateurs de pétrole de la région MENA, à l’exception d’Israël, les prix réglementés de l’électricité sont inférieurs au niveau de recouvrement des coûts, bien que les pays cherchent à augmenter les tarifs à moyen terme. Le soutien aux secteurs de l’électricité contribue de manière significative aux déficits budgétaires et/ou à l’accumulation de l’endettement en Jordanie, au Liban et en Tunisie. Les prix de l’électricité pour les consommateurs sont restés stables en 2020-2021 au Maroc et en Tunisie, mais ont augmenté en Égypte, en Jordanie et au Liban.
Les subventions pétrolières ont été en grande partie supprimées et les prix s’ajustent aux fluctuations du marché pétrolier, bien que soumis aux décisions d’un comité des prix dans la plupart des pays et à un petit plafond d’ajustement mensuel en Tunisie. La hausse des prix du pétrole s’est répercutée sur l’inflation de l’IPC des transports.
La hausse des prix de l’énergie creusera les déficits des comptes courants des importateurs nets d’énergie, en particulier la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie. Au Liban, les volumes d’importation seront limités par la diminution des réserves de change, l’absence de financement extérieur et l’effondrement de l’économie. En Tunisie, la hausse des prix de l’énergie exercera une pression sur les réserves de change, dans un contexte de manque d’accès aux financements extérieurs.
La hausse des prix des hydrocarbures pourrait nécessiter des modifications des tarifs ou des dépenses budgétaires plus élevées pour soutenir les secteurs de l’électricité, bien que les services publics puissent absorber des pertes plus importantes à court terme. Les accords d’approvisionnement en gaz à long terme atténuent l’impact des fluctuations des prix des hydrocarbures (en Jordanie et en Tunisie), tout comme la production nationale d’hydrocarbures (Égypte, Israël et Tunisie) et la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables (Maroc).
Les prix des carburants et des services publics restent une question sensible pour la stabilité politique et sociale, et nous pensons que de nouvelles réductions des subventions envisagées pourraient à nouveau déclencher une instabilité sociale et politique, en particulier en Tunisie.