L’Union européenne (UE) a levé mardi 20 milliards d’euros, deux fois le montant prévu au départ, à l’occasion du premier emprunt obligataire lancé pour financer son plan de relance de 750 milliards, une opération qui a suscité sur les marchés une demande quasiment sans précédent.
Cet emprunt à dix ans représente la toute première tranche des émissions de dettes de près de 800 milliards d’euros prévues par l’UE pour aider jusqu’en 2026 les Etats membres à se relever de la crise du coronavirus et à financer la modernisation de leurs infrastructures.
Se félicitant de son succès, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que Bruxelles avait déjà évalué les projets soumis par plusieurs pays membres et que ses services veilleraient au sérieux de la mise en oeuvre du plan de relance.
L’emprunt de mardi est l’une des plus importantes émissions de dettes jamais lancées en une seule tranche dans le monde selon les données Refinitiv.
L’Union européenne, qui a franchi une étape historique l’an dernier en donnant le feu vert à des emprunts communs, a déjà emprunté 90 milliards depuis octobre dernier pour son plan d’indemnisation du chômage partiel, dénommé SURE.
Mais le financement du plan de relance est d’une toute autre échelle et pourrait faire de l’UE le premier émetteur supranational au monde, avec des montants levés comparables à ceux de l’Allemagne ou de l’Espagne.
La demande de titres a atteint au final 142 milliards d’euros, à peine trois milliards de moins que celle suscitée en octobre par le premier emprunt « SURE ».
Ces montants confirment l’intérêt des investisseurs pour les titres notés « triple A », la meilleure notation possible, qui laissent espérer un rendement supérieur à ceux des obligations d’Etat allemandes.
Les nouvelles obligations, qui arriveront à échéance le 4 juillet 2031, affichent un rendement à l’émission de 0,086% selon les chefs de file. Le rendement du Bund allemand à dix ans, lui, reste négatif, autour de -0,23% en fin de séance mardi.
L’UE prévoit de lancer d’ici fin juillet deux autres emprunts syndiqués, des opérations lors desquelles les banques chefs de file s’adressent directement aux investisseurs finaux, contrairement aux émissions par adjudication, réservées à un petit nombre de banques acheteuses.
Au total, elle devrait émettre 80 milliards d’euros supplémentaires d’obligations à long terme avant la fin de l’année.
Pour Michael Leister, responsable de la stratégie taux de Commerzbank, le succès de l’émission de mardi « donne à l’UE une importante marge de manoeuvre pour le reste de l’année ».
Source : Reuters