Afreximbank dit être à un stade avancé du lancement de sa plateforme de leasing d’avions. Le secteur aérien est considéré comme un des piliers logistiques de la zone libre-échange continentale africaine. Mais la réalisation de ce potentiel va au-delà de l’acquisition d’aéronefs.
Prenant la parole à l’occasion du Forum africain des affaires qui s’est tenu le 7 février à Addis-Abeba (Ethiopie), Benedict Oramah (photo), président de la banque africaine de financement de l’import-export (Afreximbank), a fait savoir que l’institution est sur le point de lancer une plateforme qui louerait des aéronefs aux compagnies aériennes africaines, afin de satisfaire les besoins de mobilité et de logistique, dans le cadre du commerce intra-africain.
« Nous travaillons avec une des compagnies aériennes leaders en Afrique pour mettre en place cette plateforme, parce que nous voulons retirer aux compagnies africaines qui le souhaiteront le risque financier qui consiste à acquérir ces avions. Nous sommes à un stade très avancé du développement de ce projet. Nous serons en mesure d’équiper des compagnies avec ces avions, sans qu’elles n’aient à prendre de dettes qui pèseraient sur elles », a fait savoir M. Oramah.
La solution proposée par Afreximbank se veut complémentaire de différentes actions qu’elle dit avoir menées, notamment dans le financement des compagnies aériennes comme Air Ivoire, Ethiopian Airlines, mais aussi des transporteurs aériens au Nigeria. La Banque dit aussi être en discussion avec les compagnies africaines pour réduire la complexité dans les paiements, et favoriser l’ouverture de nouvelles lignes aériennes sur le continent.
Cette annonce est faite alors que des experts, officiels et dirigeants d’entreprises privées se sont retrouvés pour réfléchir sur le moyen de mettre en place un écosystème de transport qui soutiendra la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Selon une étude produite par la Commission économique pour l’Afrique, il faudrait 243 nouveaux avions au continent pour répondre aux besoins de logistiques par voie aérienne, si la Zone est effectivement mise en œuvre.
La vision d’Afreximbank va de pair avec des idées qui avaient émergé lors d’une conférence sur la reprise du secteur du transport aérien en Afrique, organisée le 3 décembre par la Banque africaine de développement (BAD), et qui a connu la participation des banques d’investissement internationales dynamiques en Afrique, comme JP Morgan, Standard Chartered Bank ou encore Bpifrance.
La disponibilité des avions n’est pourtant pas la seule chose qu’il faudra régler pour faire du transport aérien un des leviers du commerce africain. De nombreux pays souhaitent en effet développer des compagnies aériennes nationales qui, par le passé, n’ont pas prouvé une réelle efficience, en dehors de l’exception Ethiopian Airlines. Toutefois, l’option du leasing ne semble pas suffire. Pour Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone, qui prenait part aux échanges, il serait plus intéressant de risquer les investissements des Etats dans le secteur pour soutenir les compagnies nationales.
Un avis que n’a pas complètement partagé Allan Kilavuka, directeur général de Kenya Airways, un des transporteurs aériens le plus présent sur le continent. Selon lui, l’heure est venue de commencer des consolidations. Il a estimé qu’avec plus de 300 compagnies aériennes sur le continent, le secteur est trop fragmenté. Le débat sur le transport aérien comme moyen efficace de connexion des pays africains n’est pas nouveau.
Source : Agence Ecofin