L’inflation dans la zone euro s’est accélérée en janvier pour atteindre un niveau record, montre mercredi la première estimation publiée par Eurostat qui pourrait fragiliser la position de la Banque centrale européenne (BCE) sur le caractère passager de la hausse des prix.
Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont augmenté de 5,1% par rapport à janvier 2021 alors que le consensus Reuters anticipait un décélération à 4,4% après +5,0% en décembre.
La hausse des prix de l’énergie est estimée à 28,6% sur un an, après +25,9% en décembre, loin devant celle des prix de l’alimentation, de l’alcool et du tabac (+3,6%), des services (+2,4%) et des biens industriels hors énergie (+2,3%).
L’inflation sous-jacente, c’est à dire hors énergie et alimentation, surveillée de près par la BCE, a ralenti le mois dernier à 2,5% en rythme annuel contre 2,7% en décembre.
Une mesure encore plus étroite, qui exclut aussi l’alcool et le tabac, est ressortie à +2,3% après +2,6%.
Alors que l’inflation reste plus de deux fois supérieure à l’objectif que s’est fixé la Banque centrale européenne (BCE), cette dernière estime que la hausse des prix est alimentée principalement par des facteurs transitoires et que l’inflation repassera sous 2% à partir de 2023.
Mais un nombre important de responsables ont remis en question la qualité des projections de la BCE et ont fait valoir que l’inflation risquait de terminer l’année à un niveau plus élevé qu’anticipé par l’institution de Francfort.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE se réunit jeudi et devrait sauf surprise majeure maintenir la politique monétaire inchangée.
La hausse de l’euro s’est accélérée après l’annonce d’une inflation supérieure aux attentes, qui alimente les anticipations de hausse de taux de la BCE plus tôt que prévu.
Vers 10h35 GMT, la monnaie unique prenait 0,36% à 1,131 dollar, au plus haut depuis une semaine.
Le marché monétaire table désormais sur une hausse de taux de la BCE lors des trois derniers mois de l’année, a déclaré Ulrich Leuchtmann chez Commerzbank, ajoutant que les déclarations attendues jeudi de la présidente de l’institution, Christine Lagarde, pourraient avoir un impact à court terme sur la devise.
« Certains acteurs du marché s’attendent à ce que la BCE adopte un ton ‘hawkish’ jeudi« , a indiqué Ulrich Leuchtmann.
Sur le marché obligataire, le rendement du Bund allemand , la référence dans le bloc monétaire, est monté jusqu’à 0,043%, proche d’un plus haut depuis mai 2019, avant de se stabiliser autour de 0,04%.
Source : Reuters