L’inflation dans la zone euro a légèrement ralenti en février mais pas autant qu’attendu et, en faisant abstraction des éléments volatils, la hausse des prix s’est amplifiée, ce qui plaide pour que la Banque centrale européenne (BCE) continue à augmenter ses taux d’intérêt à un rythme soutenu.
L’indice des prix à la consommation calculé aux normes européennes (IPCH) affiche une hausse de 8,5% sur un an, selon des données publiées jeudi par Eurostat. Le consensus Reuters le donnait à 8,2% après une progression de 8,6% en rythme annuel en janvier.
Bien que l’inflation soit bien en deçà des plus hauts atteints en octobre, elle continue de se généraliser, ce qui alimente la crainte que la flambée des prix de l’énergie ne s’infiltre dans l’économie par des effets dits de second tour, rendant la hausse des prix encore plus difficile à maîtriser.
L’inflation de base, qui exclut l’énergie et les produits alimentaires non transformés, est passée de 7,1% à 7,4%.
Une mesure plus étroite encore, qui exclut en plus l’alcool et le tabac, est en hausse de 5,6% après 5,3%.
Les débats concernant les taux de la BCE portent sur ce que celle-ci décidera après le mois de mars, l’institution monétaire s’étant déjà engagée à relever ses taux d’un demi-point dans deux semaines.
Les marchés anticipent de plus en plus que la banque centrale devra porter ses taux à des niveaux plus élevés qu’attendu auparavant, compte tenu de la ténacité de l’inflation.
Les investisseurs s’attendent à ce que le taux de dépôt soit augmenté lors des réunions de mars et de mai de 50 points de base, puis atteigne environ 4,1% en fin d’année, contre 2,5% actuellement.
La hausse ininterrompue de l’inflation de base depuis plusieurs mois suggère qu’un retour de l’inflation globale à l’objectif de 2% pourrait être long.
Les prix dans les services, la composante la plus importante de l’inflation sous-jacente, se sont accélérés de 4,4% à 4,8%. Ceux des biens industriels hors énergie de 6,7% à 6,8% et ceux des prix des produits alimentaires non transformés de 11,3% à 13,6%.
Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, estime que la récente baisse des prix de l’énergie n’a qu’un impact à court terme et non à moyen terme, de sorte que la BCE pourrait devoir opter pour une hausse de taux importante en mai.
Ses préoccupations ont été partagées notamment par Isabel Schnabel, membre du directoire, et Klaas Knot, le président de la Banque des Pays-Bas, ce qui laisse penser que la majorité des « faucons » de la BCE ne sont pas enclins à faire marche arrière.
Sur une note plus encourageante, Christine Lagarde a fait valoir que la désinflation devrait s’accélérer ce mois-ci en raison des effets de base.
Source : Reuters