L’inflation dans la zone euro a atteint un niveau record en juin alors que les pressions sur les prix continuent à se propager à différents secteurs, montre la première estimation publiée vendredi par Eurostat.
L’indice des prix à la consommation calculé aux normes européennes (IPCH) ressort en hausse de 8,6% sur un an après 8,1% en mai.
Les économistes et analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 8,4%.
L’inflation est en hausse constante depuis plus d’un an, d’abord alimentée par des problèmes d’approvisionnement avec la reprise liée à la maîtrise progressive de la pandémie de COVID-19, puis par la flambée des prix de l’énergie, conséquence de la guerre en Ukraine.
Mais même en excluant les éléments volatils que sont l’énergie et les produits alimentaires non transformés, l’augmentation des prix de base est restée bien au-dessus de l’objectif de 2% de la Banque centrale européenne, ce qui pourrait renforcer les arguments en faveur d’un net relèvement de ces taux.
Le taux d’inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés atteint 4,6% sur un an après 4,4% le mois dernier.
Une mesure plus étroite encore, qui exclut aussi l’alcool et le tabac, est en hausse de 3,7% après +3,8% en mai.
Selon des analystes, l’inflation aurait été encore plus importante si l’Allemagne n’avait pas mis en place notamment une baisse des taxes sur le carburant, ce qui étaye les arguments selon lesquels de nouvelles pressions sur les prix sont à venir.
S’ajoutant aux pressions inflationnistes, le chômage est tombé à un niveau historique en mai, à 6,6%. Avec le manque de main-d’oeuvre qui paralyse certaines branches du secteur des services, la croissance de l’emploi pourrait durer, ce qui augmenterait les pressions sur les salaires et, en définitive, sur l’inflation.
Alors que la stabilité des prix à long terme est menacée, la plupart des grandes banques centrales durcissent rapidement leur politique monétaire, quitte à prendre le risque de faire ralentir, voire s’effondrer, la croissance économique.
La BCE a annoncé le mois dernier qu’elle prévoyait de relever ses taux d’intérêt directeurs de 25 points de base le 21 juillet mais les données sur l’inflation renforcent les arguments en faveur d’une hausse plus importante, de 50 points de base, en septembre.
Une série de hausse de taux devrait être engagée bien que les responsables de l’institution d’émission ne soient pas d’accord sur l’ampleur du resserrement monétaire nécessaire alors que la croissance ralentit et que l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie pourrait encore diminuer.
Les marchés tablent sur un relèvement de 143 points de base des taux de la BCE d’ici la fin de l’année, ce qui implique des hausses à chaque réunion de l’institution pour le reste de l’année.
Source : Reuters